Tintin ne ment jamais.
J’ignore si parmi vous, il y a des lectrices et lecteurs de Tintin, le reporter à houppette au Milou braillard et au Haddock saoulard, mais personnellement, je me souviens avoir été toujours fasciné par les étranges champignons géants poussant sur l’île mystérieuse, et m’être toujours interrogé sur le pourquoi du comment expliquant cet étrange phénomène. Oui, car voyez-vous, j’étais jeune, passionné et obstiné, et, refusant d’écouter les voix raisonnables qui tentaient vainement de me faire comprendre que de tels champignons venaient de l’imagination d’un hurluberlu farfelu écrivant des histoires vraies comme les monstres des placards, je persistais à croire qu’il existait, quelque part en ce bas-monde, de tels cônes unijambistes à l’allure lourdaude sous leur robe arrondie. Et aujourd’hui, enfin, je peux le clamer fièrement : Tintin ne m’a pas menti.
Oui, car voyez-vous, j’ai moi-même fait la connaissance de ces champignons aux formes protubérantes et aberrantes, allant jusqu’à les toucher, sans, toutefois, pouvoir croquer dedans pour en goûter la saveur, car ces bolets étaient de pierre, mirages casse-dents dans le désert...
C’est à l’occasion du séjour de mon frère en Egypte, à
la fin de l’année 2009, que nous sommes tous deux partis gambader au travers de
l’Egypte, partant du Caire pour filer vers le sud, direction Assouan et Abou
Simbel en passant par le désert blanc et ses oasis. Avant d’y arriver, il nous
fallut néanmoins prendre de la hauteur pour aller cueillir notre nourriture à
la source-même, au sommet des dattiers.
A l’oasis de Bahariya, un bédouin nous
enseigna la technique de la cueillette (pour résumer : avoir le fessier
bien calé dans le « baudrier », puis avancer en donnant des petits
coups de bassin (le secret réside dans le déhanché) tout en lançant la corde un
peu plus haut sur le tronc, pour qu’elle s’accroche à l’écorce et nous empêche
ainsi de choir…).
Cette prise de hauteur eût quand même ses limites,
dans la mesure où le bédouin nous empêcha de crapahuter trop haut dans l’arbre,
probablement parce qu’il était jaloux de notre ô combien élégante performance,
et sous prétexte que 1) si l’on tombe de trop haut, on se fait mal (on aura
tout entendu…) ; 2) si l’on atteint les feuilles qui chapeautent le tronc,
il y a un risque que l’on tombe sur des serpents. Bon, personnellement, je ne
sais pas ce que vous en pensez, mais je suis à peu près certain que même en
ayant les mains prises par la corde, il est possible de se défendre à coups de
canines et molaires contre tout type de serpents (boas constrictors compris).
Quoi qu’il en soit, la conclusion de cet interlude
sportif fut la dégustation de dattes et clémentines dont le goût rend accroc
tout palais normalement constitué. Depuis qu’elles ont gouté aux fruits de
Bahariya, mes papilles gustatives n’auront jamais plus la même joie de vivre.
Quitte à prendre de la hauteur, autant gravir des
montagnes, et c’est ainsi guidé par ma nature de crétin des Alpes que je
décidai de m’élancer dans la terrrrrrrrrrrrrible ascension du Piton des Triplés
au sommet duquel la vue panoramique qui s’offrait à nous ne pouvait que faire
taire nos courbatures et crampes.
Bon, en réalité, ce fameux Piton des Triplés n’a jamais porté ce nom, que je viens d’inventer pour pimenter le récit de ces pérégrinations. En revanche, s’il n’y avait point de piton, et tout au plus une petite pente un peu casse-guibole sous le soleil crame-coupe-au-bol, il y avait bien des triplés à son sommet, trois petits kerns laissés là par le passage d’aventuriers qui, comme nous, avaient défié en leur temps l’altitude pour prendre de jolies photos et se la raconter sur leur propre blog Luisien.
En
effet, plutôt que de vous décrire bêtement le désert, ses caillasses
bizarroïdes et blanches sur lesquelles se reflète la ronde presque-pleine lune,
le feu de camp et le renard pas farouche venant gratter un trognon et du lard
mais prenant la poudre d’escampette au premier frémissement, et retentant une
approche furtive en pleine nuit, sans se rendre compte que sous la tente, je
l’entendais gambader (ce qui, au passage, lui valut de finir sur la broche),
la froideur de la nuit et la chaleur du jour, bref, au lieu de vous décrire mot
pour mot le désert, ce qui n’aurait, vous en conviendrez, que peu de sens, j’ai
décidé de vous le faire découvrir au travers d’un petit jeu ô combien amusant
et jouissif qui, j’en suis sûr, ne manquera pas de titiller l’imagination des
étourdis perchés…
Bon, le principe est simple : je vous propose une série de quelques photos censées (ce mot est important) représenter des animaux ou des bouts d’animaux (ayez cela à l’esprit) et créatures plus ou moins fantastiques mais connues normalement de tous, à vous d’y jeter un coup d’œil et de tenter d’y mettre un nom, HAHAHA, qu’est-ce qu’on s’marre ! Et surtout, ne vous inquiétez pas si vous ne reconnaissez aucun des animaux. Oui, car en écrivant ce billet, j’ai réalisé que peut-être fallait-il avoir auparavant côtoyé les champignons géants pour voir ces cailloux blancs prendre forme et même vie…
Le bestiaire du désert
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 14 autres membres