J'aurais voulu être un caillou...
Après avoir tranché du mouton à tire-larigot pendant le weekend de l'Aïd el-Kébîr, les Egyptiens digèrent. Aujourd'hui et demain, c'est jour férié au Caire…enfin, sauf pour moi, et quelques autres malheureux qui, victimes de leurs tortionnaires de patrons, sont au labeur dès l'aube…tellement au labeur, d'ailleurs, que je vous écris ce petit billet depuis mon bureau, profitant de l'absence de l'administrateur-réseau (le geek de l'ONG, qui nous limite la connexion internet, pour éviter qu'on ne dérive trop sur le net...). Et ouais, c'est ça, le boulot à l'égyptienne.. !
En réalité, pas de long discours blablateux et ennuyeux pour ce billet, mais simplement des photos, illustrant mon weekend passé, lorsque faisant le choix de fuir la fureur de l'Aïd, le bruit et le sang se déversant dans les rues inondées du Caire (non non, pas par le sang, mais plus par la pluie, en fait. Oui parce qu'au Caire, voyez-vous, quand il pleut trois gouttes, sachant que les routes sont bossues et l'évacuation d'eau inexistante, et bien forcément, ça déborde.. ! Après, bon, trois gouttes qui débordent, ce n'est pas non plus très très impressionnant. Bref, je m'égare…), j'ai décidé de m'exiler un petit peu, et de partir vers le Fayoum, son gigantesque lac Qarun, ses moustiques mastocs, gorgées de sang (on se demande d'ailleurs où ils le pompent, l'endroit étant assez désert… Peut-être se pompent-ils mutuellement le sang, qui sait ? Eh ouais, c'est la crise, même chez les moskitos…), et qui puent le palu, sa montagne ronde (Gebel Medawwera, c'est son nom, si je ne me trompe pas…), puis les pyramides de Maydoum, Dashour et Abou Sir, boudées par les touristes (c'est ça qui est bon) qui leur préfèrent les sites over-bookés de Memphis et Saqqarah, et dans lesquelles on s'aventure, à la lampe torche ou à la bougie, s'emplissant les poumons d'effluves de moisissures vous mettant bien dans l'ambiance, et enfin, summum de la solitude, apothéose du silence, la vallée des baleines, où l'unique bruit que l'on entend est celui de nos pas dans le sable (la prochaine fois, j'irais en après-skis, pour un bruit encore plus kiffant… Oui, j'aime le son produit par des moon-boots s'écrasant sur la neige. Chacun son truc, comme on dit…), bref, un endroit so peaceful qui fait vite s'envoler tout stress et tout énervement, y compris cette furieuse envie qui s'empare de vous lorsque, une fois paumés au-milieu du désert, votre chauffeur vous annonce qu'il ne peut pas aller plus loin avec sa voiture, contrairement à ce qu'il vous avait annoncé au début du trajet, mais que heureusement, rien n'est perdu, car il connaît un mec possédant un 4x4 qui pourra nous amener jusqu'au désert, moyennant paiement, of course (business business quand tu nous tiens…), et qui, heureux hasard !, gambade précisément ce jour-là à 15mn de vous, quelque part dans une dune (oui, le désert, c'est petit, tout le monde s'y connaît…), vous sentez vos corde vocales trembler sous l'impulsion d'un « What the phoque are you talking about ? » guttural, viscéral même, et surtout, pas piqué des hannetons. Mais finalement, le désert vous ouvre grand les bras, et surtout, le désert ne parle pas, donc il ne vous entube pas, c'est élémentaire, et là, forcément, vous vous sentez bien, vous osez respirer, sans crainte que chaque inspiration vous rapproche un peu plus d'un cancer des poumons, et finalement, vous vous dites que vous êtes faits pour vivre la vie d'un de ces étranges rochers qui parsèment le désert, et qui attendent en silence en prenant leur pied et leur temps…
Pour résumer, après chamelier et conducteur de felouque, je me suis encore découvert une nouvelle vocation… Quand je serais grand, je serais caillou…
Bref, moi qui ne voulais rédiger que quelques lignes, j'ai déjà trop écrit, alors je me tais enfin, et vous laisse savourer ces quelques photos… (je prends même la pause sur l'une d'elles, histoire que vous n'oubliiez pas à quoi je ressemble, sinon, on aura l'air con, en septembre, à ne pas se reconnaître parmi tous ces inconnus aux visages sans nom…).
Vous sentez le trip cailloux, là?
Et maintenant, après le désert, un peu de flotte, pour changer...
Un piou-piou pris en photo depuis une barque voguant gaiement sur le lac...
Oui, il y a même des "cascades" (en tout cas, elles sont nommées ainsi...) en Égypte...
Et maintenant, quand même, quelques pyramides!
Pis une deuxième couche!
Et en guise de troisième couche, les triplettes de Memphis...
Puis là, c'est moi...
Et quelles fleurs..!
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