IEP : Itinéraires d\'Etudiants Perdus

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Dans une impasse, un mariage...

   Un vendredi soir, 21h, nuit noire sur le Caire, sauf au bout de l'impasse qui ferme la ruelle passant au pied de mon immeuble. Comme à l'accoutumée se font entendre des klaxons et le son des téléviseurs des voisins, qui ne se tairont qu'aux alentours de minuit. Mais ce soir-là, une mélodie bien plus exotique résonne non loin de là. Intrigué, je me décide à partir en exploration, avançant discrètement dans la rue en direction d'une lumière qui en illumine l'extrémité. 


   L'intensité de la musique enfle et rythme ma foulée, jusqu'à ce qu'apparaissent enfin des guirlandes de lumignons, pendouillant entre des parois d'immeuble, des fenêtres et des poteaux électriques. Des enceintes stéréo accrochées en hauteur continuent de cracher leur grésillement musical, tandis que sur une piste de sable cernées de chaises alignées défilent les uns après les autres des chevaux dont les sabots cognent le sol sablonneux au gré du tempo d'une musique aux sonorités arabisantes. Toujours terré dans l'ombre, je m'approche doucement de cet étrange spectacle, tandis que des paires d'yeux intrigués me démasquent bien vite malgré l'obscurité dans laquelle je me tapis. Alors que les chevaux se succèdent sur la piste, je me décide enfin à demander au premier venu ce qu'il se passe au fond de cette impasse, m'égosillant pour couvrir la musique criarde, mélange des sonorités stridentes des tabli biladi, sorte de clarinettes à l'égyptienne, et de la voix d'un conteur qui déclame des mots que je ne comprends pas, et sur lesquels dansent, ou plutôt plient leurs genoux dans des sortes de génuflexions artistiques, des vieillards tenant devant eux un bâton de bois. 


   Bien vite, l'on me prend par le bras, et c'est ainsi que, une fois installé sur l'une des chaises qui bordent la placette sablonnée, j'assiste, comme par hasard, à mon premier mariage arabe. Et plutôt que de vous le décrire, je vous invite à regarder les quelques vidéos à cette adresse, créée spécialement pour l'occasion, pour notre blog d'aventuriers : http://www.dailymotion.com/Le_blog_de_Luis


   Sachez simplement qu'en plus de ce spectacle, l'on m'invita à goûter tous les plats présents ce soir-là, me passant l'une des dix cuillères à soupe qui tournaient entre les mains et dans les bouches de la centaine d'invités, et m'encourageant à croquer dans les aliments tranchés à grands coups de doigts, malgré ma gêne à l'idée de dépecer ces gens de leurs fabuleuses et relativement onéreuses pâtisseries. 


   Encore une dernière précision : si sur les deux vidéos, la gent féminine est absente, sachez qu'elle se trouvait en réalité à une trentaine de mètres des chevaux et instruments de musique, baignant dans une ambiance radicalement différente, espèce de boom de collège où la musique, assurée par un adolescent s'accrochant au micro avec conviction, avait au moins le mérite de faire danser les fillettes égyptiennes, et de faire patienter les femmes voilées jusqu'au moment où leur fut présenté le couple du soir, les tout-jeunes mariés, qui ne paradèrent d'ailleurs pas ensemble devant les mâles occupés à regarder les chevaux et à fumer la chicha, et qui de cette union, ne perçurent que les youyous enjoués.



06/11/2009
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