« Elle tremble cette porte »
Et on en tremble encore…
Bon ben voilà, j'ai vécu un des cinq plus grands tremblements de terre depuis 100 ans. Eh oui, il fallait que ça tombe sur moi, sur cette année, et sur ce p***** d'épicentre à 500 km de Santiago, dans la mer en face de Concepción.
Mais je me dis, c'est une expérience, ça oui, parce que je vous jure que pour le prochain, maintenant, je sais quoi faire, et puis je me répéterai pas vingt fois « c'est la fin du monde, c'est la fin du monde… »
Non, j'agirai constructivement.
Déjà, je serais pas dans la rue dans le quartier fêtard de Santiago, à 3h34 du matin. Non, au lieu, de dire vaguement « purée, elle tremble cette porte », je serais chez moi ready to go.
Et puis, je fermerais pas les yeux tout le temps en m'accrochant à la porte, non, comme j'aurais mon appareil photo sur moi, ben j'en profiterais pour filmer pour vendre la vidéo ensuite aux journaux, et pas m'entendre dire « t'as loupé la chance de ta vie jajajaja », ce qui est insultant, parce que la chance de ma vie, c'était d'être avec quelqu'un qui a été assez intelligent pour obtenir que je ne bouge pas et reste dans l'embrasure de la porte, alors que tout se cassait de l'autre côté du battant, que le resto d'en face perdait ses vitres progressivement, et que les voitures stationnées devant nous s'entrechoquaient violemment.
Puis, après deux minutes d'intenses secousses, au lieu de rester comme une quiche dans la rue qui se vide de tout être humain, et se rue vers les taxis restants, au lieu d'aller aider à ramasser les bouteilles au bar d'à côté, et de continuer à trembler pendant deux heures, alors qu'un des serveurs va « allumer la tv pour avoir les infos » (trrrés ironique, étant donné que l'électricité s'est coupée au bout d'une vingtaine de secondes et qu'on est dans le noir complet. Le pauvre était secoué.), ben je me ruerai chez moi, pour pas ensuite marcher pendant 1h dans le noir complet et sur les chaussées défoncées et gondolées par le tremblement de terre, au milieu d'individus louches et de voitures folles sans feux rouges.
Je ne rentrerai pas à 6h du matin, complètement fracassée et toujours aussi tremblotante, pour retrouver mes colocs assises sur les marches de l'entrée, et continuer une nuit blanche si bien commencée.
Et puis, je ne me coucherai pas juste vers 8h du matin, au moment choisi par la première forte réplique, juste au moment précis où j'étais tellement dans le coton que je voulais même plus me lever pour ressortir, incapable de trouver mes chaussures dans le bordel de ma chambre.
Non la prochaine fois, je serais plus constructive. Je ne laisserai pas mon appart au 13ème étage, où, paraît-il, l'étagère s'est écrasée sur le lit où j'aurais pu être…
Et puis la prochaine fois, je n'aurais pas à remercier cent fois les personnes qui étaient avec moi, pour m'avoir empêché de bouger, et de tomber de la marche sur laquelle je me tenais, du genre « calme-toi, ça va passer, c'est déjà en train de passer…Bordel de merde, mais pourquoi ça passe pas !!!! »
et pour m'avoir fait rire aux larmes en engueulant un vieux bourré venu me raconter juste à moi la fin du monde prévue par les incas non pas en 2012 mais en 2010, et à qui je n'arrivais même pas à répondre tellement j'avais envie de pleurer :P
mention spéciale au barman du bar 125, au milieu de toutes ses bouteilles au sol, quand entre un autre habitué du bar en criant « qué chucha paso !! »
il répond « lo que paso paso…entre tu y yoooo ». ou comment garder sa bonne humeur reggeatonnienne jusqu'à la fin J
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